Jeanne et Gabrielle

Où aimez-vous manger votre fromage? Y avez-vous déjà songé ?

Plutôt que de répondre aux simples questions du comment et quand, voyons comment certains le dégustent.

Sur les rochers

Puisque je viens juste de rentrer de vacances, permettez que je m’y attarde encore un peu. J’ai découvert que j’adorais manger assise sur les rochers.

La nature brute et dure des rochers donne un fabuleux contraste avec l’aspect organique et tendre de la nourriture. Le fait que vous puissiez utiliser vos mains nues (et ne pas être obligée d’amener un couteau exprès parce que, oui, vous avez des dents !), sans assiette ou aucun autre contenant et ce, juste au bord de l’eau (qui donne cet air si frais) crée la plus simple et la plus incroyable harmonie – vous êtes presque de retour aux vrais bases de la vie : la nature pure, une vraie faim et de la nourriture simple mais précieuse.

 

Dans le jardin

Se retrouver dans un jardin est tellement agréable. Soit vous avez de la chance d’en avoir un et de le cultiver, soit vous avez la chance d’y être invité souvent. Un avec l’herbe verte, les fleurs, les papillons et les lucioles criquets en été. Dans le stress de la vie moderne, prendre son temps pour apprécier de la nourriture dans son jardin, c’est presque une victoire sur la pression ordinaire. Y être le matin, dans l’après-midi ou le soir et déguster votre fromage favori tout en admirant la verdure et les fleurs, c’est un des vrais plaisirs de la vie.

Ce truc du pique-nique

Vous aimez être assis par terre ? Vous devriez vraiment essayer. La Terre sait exactement comment nous calmer. Pas étonnant que le pique-nique soit une activité considérée comme de la fin de semaine.

Vous pouvez aller dans la nature, essayer au parc ou juste dans votre cour. Imaginez faire un pique-nique avec votre famille à la place du traditionnel brunch… L’herbe verte procurera l’assise parfaite ainsi que le parfait contraste des couleurs avec le fromage et les autres plaisirs.

Quand le fromage représente la vue

Les créatures urbaines que nous sommes, vivant dans nos espaces fabriqués dans les villes, eh bien nous avons une certaine soif de vivre de belles expériences. C’est comme un besoin urgent de peindre la réalité avec des arômes plus intenses je dirais. Une bonne combinaison en fait partie et pour moi, le top du top ce serait du Saint Agur avec des fraises. Faisons prendre à cette histoire un tournant et suivons le rituel du fromage dans notre salon. Vous avez une fenêtre donnant sur un arbre ? Parfait ! Utilisez-le comme toile de fond. Peut-être que vos voisins ont un jardin, vous pourriez le regarder tout en dégustant votre repas. Et oui, je suis désolée d’être en retard au travail, j’avais rendez-vous ce matin chez moi avec du fromage.

Et vous, où aimez-vous savourer votre fromage ? Avez-vous un rituel particulier ? Faites le moi savoir dans vos commentaires pour que je puisse l’essayer moi-même. 

« Tu penses que ta vie est parfaite ? Je veux dire, as-tu l’impression que quelque chose te manque, ne serait-ce qu’un peu de légèreté? » me demanda Gabrielle alors que je finissais en vitesse mon café que j’avais pris chez elle entre ma sortie du bureau et la sortie d’école de mon plus jeune, Max. « Je pense que rien n’est parfait mais que rien ne me manque » répliquai-je de manière tranchante, un peu surprise par sa question. Je ne comprenais pas pourquoi elle me demandait ça alors que je ne m’étais jamais plainte de rien. Enfin pas à ce moment-là.

Cependant je dois avouer que ça m’a poussé, au moins pour un instant à m’interroger rapidement sur ma vie.

Je pense être une femme heureuse. J’ai un mari que j’aime et qui m’aime. Deux fils, Félix, six ans et Max, trois ans, un pug adorable, une belle maison agréable avec un grand jardin. J’ai un travail qui m’épanouit. Alors est-ce qu’il me manque quelque chose ?

Bien sûr, rien n’est jamais parfait tout le temps et il y a toujours des moments où je me sens nerveuse ou stressée.

Je ne connais aucune femme qui ne serait pas énervée par son chien qui aboie parce qu’il s’est retrouvé enfermé dans un piège destiné au Capitaine Crochet alors que le fils aîné qui l’a fabriqué pleure car il n’arrive plus à l’en sortir.

Et qu’à cet exact moment le plus jeune a réussi, on ne sait pas comment, à ouvrir le paquet de farine qui s’est répandu dans toute la cuisine, à la plus grande joie de celui-ci, ce qui le fait rire aux éclats alors qu’il saute dedans à pieds joints.

Ajoutez à cela le mari qui vous demande où se trouve sa cravate car il doit aller à un important rendez-vous… Et vous, vous ne savez tout simplement pas par où et par qui commencer. Vous commencez alors par vous laver vos mains pleines de beurre, car évidemment à ce moment-là vous étiez en train de préparer un gâteau.

Chaque femme a déjà connu au moins une fois ce genre de situation. Moi ça m’est arrivé la semaine dernière. Mais bon, c’est ça le quotidien. Quand ça passe il reste les bons moments et les bons souvenirs.

De l’autre côté, je suis enseignante et donc je passe aussi beaucoup de temps avec les enfants dans ma vie professionnelle. Même s’ils sont la plupart du temps intéressés par ce que je leur dis, parfois ils sont très bruyants et il m’arrive de rêver à la douce musique du silence.

Bien sûr que dans ces moments aussi je me sens nerveuse. Mais depuis mes années à l’université j’ai toujours eu l’habitude du stress. C’est pourquoi je me suis toujours débrouillée pour avoir du temps pour moi. Je mettais ma musique préférée, je me servais un bon verre de vin rouge…

Et juste quand j’en suis arrivée à cette pensée je me suis fait cette réflexion : mais en fait, je n’ai plus de temps pour moi !

Comment a-t-il disparu ? Probablement au fil des années. Les obligations ont augmenté et les moments libres ont diminué de plus en plus jusqu’à disparaître totalement sans que je m’en aperçoive.

« Merci Gabrielle » lui dis-je alors, enjouée, en sortant de son appartement. « C’est mon temps à moi qui m’a manqué ! » Elle a juste souri. À ce moment j’ai su pourquoi elle m’avait posé la question. Elle avait bien remarqué mais n’osait pas me le dire directement.

Je me suis alors dit que ce soir je ne préparerai pas comme à mon habitude le cours de demain, surtout qu’avec autant d’années d’expérience je pouvais bien le préparer demain avant le début des cours.

J’ai décidé de me consacrer un peu de temps. Mon mari devait aller chez des amis voir le hockey vers vingt heures et les enfants seraient au lit vers vingt-et-une heure. Il ne me restait plus qu’à me préparer une petite collation gourmande et de trouver dans la boîte qui se trouvait dans le grenier mon vieux CD.

Je suis vraiment du genre à penser que le bonheur est dans les petites choses simples. Je me suis coupé un peu de pain et une fine tranche de Saint Agur. Je me suis versé un bon verre de vin, j’ai mis du jazz sur l’ordinateur puisque je n’avais finalement pas pu trouver la boîte de CD et là, mon moment de détente a commencé.

Les notes divines sont venues accompagner l’exquis mélange du fromage et du vin.

Ce moment de luxe a exactement duré 40 minutes jusqu’à ce que j’entende des petits pas sur le parquet. Je me suis retournée et là, mon petit Max était debout devant moi, et tout en se frottant les yeux a marmonné : « Maman, j’ai fait un cauchemar ». Je lui ai alors souri et je l’ai pris dans mes bras avant de le ramener à son lit.

Je sais maintenant que mon temps à moi peut attendre, mais il est important de savoir qu’il ne doit pas totalement disparaître.

Récemment on m’a posé une question : qu’est ce qui rend le fromage si spécial ? Deux personnes (qui avaient encore tout à découvrir des miracles de la bonne nourriture) m’ont demandé cela au cours d’une conversation lors d’un souper. Ok, on était dans un “souper”, ça dit une ou deux choses pas vrai ?

Alors, au lieu de passer à autre chose et faire comme s’il ne s’était rien passé (et sourire poliment) j’y ai pensé et j’ai réalisé qu’en fait j’avais une vraie philosophie du fromage ! Donc laissez-moi la partager avec vous.

J’ai tendance à chercher les bonnes choses dans la vie. Pas les trucs juste bien ou satisfaisants, non, les choses vraiment grandes, inspirantes, émouvantes, transformer les choses c’est mon « truc ». Les choses grandes peuvent être parfois dures à assumer, mais tout ce qui est insipide n’a jamais été pour moi.

De même, je ne peux être calme et sereine qu’après un bon repas. Vous voyez, les bonnes choses encore. Quand vous êtes déterminés à trouver des bonnes choses vous êtes aussi destinés à les trouver. Et ce, pour la simple et bonne raison que vous n’arrêterez pas tant que vous ne les aurez pas trouvées.

Et quand vous êtes un amoureux de la nourriture comme moi, ça vous rapproche du plus grand métier du monde : faire du fromage.

J’ai le plus grand respect (une adoration quasi mythique) pour le bon fromage. Ça parle de tradition, de compétences, de savoir-faire, d’amour et de dévouement. Ça parle aussi de faire quelque chose de merveilleux pour faire plaisir à quelqu’un.

Le fromage c’est presque quelque chose de spirituel.

Alors comment reconnaît-on un bon fromage ?

Voici quelques indices.

Tout d’abord c’est un peu comme l’amour. Quand ça arrive, vous le savez tout de suite.

Vos papilles gustatives reçoivent cette information d’un autre monde et envoient l’information à votre cerveau que quelque chose de génial est en train de se passer.

Les grands fromages ont généralement des couches de goût qui apparaissent dans un ordre précis.

Les grands fromages ont aussi généralement un partenaire qui fait sortir le meilleur d’eux-mêmes – un certain pain, des craquelins, du vin, des légumes ou des fruits. Et une fois assemblés ils sont comme une symphonie orchestrée dans votre bouche.

Encore une chose, quand vous dégustez un fromage et qu’il vous laisse sans voix, c’est le signe le plus certain que vous vous trouvez en présence d’un grand fromage.

Pour que vous ayez une petite idée, voici ma liste de grands fromages :

Le plus grand critère de « grandeur » c’est le goût magique qu’ils procurent.

1. Saint Agur : Fier numéro un grâce à sa forte saveur associée à la douceur et l’amertume de fraises fraîches ou de framboises qui vous envoie directement pour un aller-retour au Paradis.
2. L’emmental : La douce combinaison du salé et du sucré c’est comme une berceuse pour les papilles, en plus il calme la faim et peut-être même les nerfs.
3. Grana Padano : Le grand frère qui rend la nourriture meilleure, des pâtes à la viande en passant par les salades. Il ne vieillit jamais et n’échoue jamais à impressionner.
4. Ricotta : La charmeuse, légère séductrice, avec des pâtes et des épinards, ma recette favorite.
5. Mozzarella buffala : Sur des tomates ou sur un bon pain de seigle… J’en salive…

Source: Pinterest

Donc voici ma réponse à ces deux personnes du début – le fromage, c’est tout ! Un formidable compagnon, en collation ou en apéritif. Il peut littéralement faire des miracles à toutes les occasions.

Le fromage, c’est aussi le bonheur. Si ce n’est pas le cas alors expliquez-moi pourquoi on dit « cheese » pour sourire sur les photos.